
Le « poop shaming » : une problématique féminine
Le « poop shaming », câest le sujet de la derniĂšre Ă©tude menĂ©e par le pĂŽle Genre, sexualitĂ© et SantĂ© sexuelle Ă lâIFOP pour DiogĂšne France. Au dela dâun enjeu de santĂ© publique, lâenquĂȘte menĂ©e en Avril 2021 met en lumiĂšre que lâaccĂšs aux toilettes publiques et le rapport des Français au WC est Ă©galement une problĂ©matique de genre. Le constat est sans appel : mĂȘme aux toilettes, les femmes sont sujettes aux inĂ©galitĂ©s de genre.
Poop shaming : un rapport genré aux toilettes
Depuis la crise sanitaire, lâaccĂšs Ă des WC dans lâespace public se rĂ©vĂšle plus compliquĂ©, du fait de la fermeture de nombreux Ă©tablissements. Si prĂšs de la moitiĂ© des Français sont impactĂ©s par cette difficultĂ© dâaccĂšs, les femmes sont plus nombreuses Ă en pĂątir. Elles seraient dâavantage incommodĂ©es par le manque de propretĂ© ou par les odeurs. Ainsi, les femmes adoptent plus de stratĂ©gies, comme le fait dâadopter des positions dâĂ©quilibre, pour sâaccommoder Ă ces espaces publics que leurs homologues masculin.
DâaprĂšs les donnĂ©es recueillies par lâIFOP, lâimportance de lâintimitĂ© pour aller « Ă la selle » est beaucoup plus marquĂ©e chez la gent fĂ©minine qui se rĂ©vĂšle beaucoup plus gĂȘnĂ©e lorsquâil sâagit dâutiliser des toilettes ailleurs quâau domicile, en particulier lors de la « grosse commission ». Que ce soit sur le lieu de travail, dans des toilettes publiques ou mĂȘme dans des espaces plus intimes comme chez des amis ou chez un nouveau partenaire sexuel, une grande majoritĂ© de femme (76%) se disent gĂȘnĂ©es de dĂ©fĂ©quer. Le sentiment de honte ne disparait pas complĂštement non plus dans lâintimitĂ© et les femmes sont plus nombreuses Ă ĂȘtre gĂȘnĂ©es, vis-Ă -vis de leur conjoint, de lâodeur ou du bruit quâelles font, et Ă adopter des stratĂ©gies de dissimulation ou dâattĂ©nuation (spray, nettoyage, musiqueâŠ).
Le poop shaming et la santé
Le poop shaming , câest quâon appelle la parcoprĂ©sie, lâincapacitĂ© physique de dĂ©fĂ©quer dans une situation de non-intimitĂ©. Ăgalement appelle « rĂ©tention fĂ©cale psychogĂšne », elle toucherait 69% de femmes et 48% dâhommes.
Et cette peur dâaller aux toilettes nâest pas sans consĂ©quences sur la santĂ© intestinale. La parcoprĂ©sie est ainsi trĂšs copine avec les troubles intestinaux. Les femmes seraient ainsi plus nombreuses que les hommes Ă souffrir de troubles digestifs, de constipation ou encore de processus de dĂ©fection douloureux.
Poop Shaming : Féminité et norme de genre
Cette honte dâaller aux toilettes serait prĂ©valante chez les femmes de moins de 30 ans : elle concerne les trois quarts dâentre elles (contre 41% chez les +60 ans). Ce qui sâexplique notamment par la plus forte imprĂ©gnation des normes et des rĂŽles de genre quant Ă la propretĂ© et Ă lâimportance accordĂ©e Ă son image.
« Les filles pĂštent des papillons et font caca des arc-en-ciels », ça ne parait pas sĂ©rieux et pourtant, nous ne sommes pas trĂšs loin de la rĂ©alitĂ©. Les diffĂ©rences marquĂ©es du rapport aux toilettes en fonction du genre nous montrent bien que les femmes sont encore imprĂ©gnĂ©es de lâidĂ©e que « une femme, ça ne fait pas caca ».
Les femmes ont Ă©galement besoin dâaller aux toilettes librement et sans crainte dâĂȘtre jugĂ©es ou dĂ©valuĂ©es par rapport Ă leur fĂ©minitĂ©. On rappelle quâil sâagit dâun besoin physiologique et naturel qui ne devrait pas faire lâobjet de charge mentale et de stratĂ©gies pouvant conduire Ă de sĂ©rieux problĂšme de santĂ©, simplement pour conserver une image lisse de la « fĂ©minitĂ© ».