Marseille : c’est quoi le fantasme de « la cagole » ?

Une fille au comportement plutôt vulgaire, un franc-parler certain, des tenues et du maquillage tape-à-l’oeil, cela ne vous rappelle rien ? Voici le portrait robot d’une cagole. Et pourtant, la cagole ne s’arrête pas à ce simple cliché. Qu’elle fascine, qu’elle fasse rire ou qu’elle offense, un véritable mythe s’est construit autour d’elle.

Le cliché de la féminité provocante

La cagole a mauvaise réputation de part l’étymologie de son nom. Le mot « cagole » désignait les femmes travaillant dans les usines d’empaquetage de dattes à Marseille. Elles portaient notamment des cagoules pour protéger leur chevelure. Elles étaient associées à la vulgarité car elles n’hésitaient pas à montrer leurs seins et à faire des gestes obscènes dans la rue. L’image de la cagole a aujourd’hui évolué mais n’a toujours pas bonne réputation.

Dans la culture populaire, la cagole porte (fièrement) une chevelure blonde platine, une couche significative d’auto-bronzant avec du gloss brillant à outrance. Bref, elle représente un cliché de féminité exacerbée qui rejoint un peu celui de la bimbo blonde.

La cagole aime montrer ses formes : décolletés, vêtements moulants, talons, lingerie sexy, etc. Elle attire le regard, et les hommes la considèrent parfois comme une allumeuse ou une fille facile. Cette fascination s’enracine dans l’hyper-sexualisation de son corps et elle l’assume.

La figure sexy

De par son style, la cagole est associée à un symbole de sexualité. Une sexualité solaire, puisqu’elle représente le Sud pour les autres Français.

Le too much est sa marque de fabrique. Pour certains hommes, cette assurance se trouve de plus en plus rare et fait l’objet de fantasme. Eh oui ! Bien qu’elle semble vulgaire, la cagole bouscule les stéréotypes de la femme douce et docile. Elle en devient fascinante pour les hommes. Sébastien Haddouk qui a tourné le reportage « Cagole Forever », pense que « Les cagoles sortent, marchent dans la rue en minijupe, boivent, mangent, débordent. Ce sont des épicuriennes.” Tout le contraire donc du cliché de la femme mariée et bien tranquille dans sa vie.

Pour d’autres hommes, si l’on s’intéresse aux parisiens, le côté de « 2 mondes opposés » peut leur sembler attirant. Entre Marseille et Paris, l’histoire d’amour peut sembler compliqué.

Pour un Parisien qui entamerait une aventure avec une cagole, il y aurait quelque chose d’excitant, une sorte de transgression, presque un interdit pour lui. Et c’est ainsi que naît le fantasme autour de la cagole : le cliché d’une personne qui appelle au cliché d’un fantasme.

La cagole dénote

Derrière ses allures de bimbo, la cagole a du caractère et affirme sa personnalité. Rebelle et insolente, elle s’assume et s’impose. Médéric Gasquet-Cyrus, un sociolinguiste s’intéressant à Marseille, pense que « son accent très prononcé tranche avec les allures distinguées qu’elle essaie de se donner« . Elle casse le stéréotype de la bimbo malgré elle et s’inscrit presque dans une autre forme de féminisme. Bien que cela puisse choquer, la fascination autour de la cagole émane aussi de son caractère qui reste drôle et touchant.

Grâce à ce mythe, elle devient une source d’inspiration. La bière marseillaise « La cagole » a été créée comme un hommage à l’identité marseillaise. La bière veut représenter à la fois l’authenticité et la convivialité du Sud : une vraie petite cagole en bouteille !

Serge Scotto a aussi imaginé une série BD nommée « Les cagoles ». Sa cagole est un symbole de désobéissance à la société, pour lui « elle a sa propre mode, ses propres codes et ne suit qu’un seul diktat: celui d’une féminité outrancière au service de sa grande gueule.« 

Finalement la cagole se retrouve partout, dans les quatre coins du globe à travers Nicky Minaj ou encore les PussyCat Dolls. Elle reste universelle, l’image d’une femme affranchie qui dérange, l’accent du Sud en moins…

(Photo à la une : Getty Images)