
Paris : galeriste dâart Ă©rotique, un mĂ©tier encore connotĂ© ?
Rachel Hardouin a montĂ© en mars 2018 une galerie dâart dĂ©diĂ©e Ă lâĂ©rotisme et aux questions de lâintime dans le 10e arrondissement de Paris. Depuis plus de deux ans, elle a accueilli en son sein des artistes Ă la renommĂ©e nationale, comme lâauteur de bande dessinĂ©e et peintre Alex Varenne.

Lâart Ă©rotique, toujours critiquĂ© en 2020 ?
Quand on me dit « Ah ! Câest toi la galeriste qui expose de lâart Ă©rotique⊠» jâentends une forme de mĂ©pris.
Exposer les corps nus, le dĂ©sir sexuel et lâintimitĂ© Ă travers lâart a Ă©tĂ© pratiquĂ© quelles que soient les Ă©poques, dans de nombreuses cultures, on pense notamment aux estampes Shunga, aux illustrations du Kamasutra, Ă lâOrigine du Monde de Courbet, des Ćuvres qui ont toujours suscitĂ© de vives rĂ©actions et une censure plus ou moins explicite. Et pourtant, en 2020, monter un tel projet suscite toujours autant de remarques.

» Je nâai jamais eu de remarques de la part de visiteurs. Les rĂ©ticences sont toujours venues de personnes qui avaient entendu parler de mon travail, et qui lâassimilaient Ă la pornographie. Quand on me dit « Ah ! Câest toi la galeriste qui expose de lâart Ă©rotique⊠» jâentends une forme de mĂ©pris. Et pourtant, selon moi, la nuditĂ©, lâintime, le corps, cela mĂ©rite pleinement sa place au milieu de lâart !«
Un mĂ©tier qui habite Rachel Hardouin, passionnĂ©e par les reprĂ©sentations de lâĂ©rotisme et les questions qui en dĂ©coulent : « Comment un modĂšle pose-t-il quand il voit le regard ? Peut-il sâabandonner diffĂ©remment sâil sait quâil est anonyme ?« , mais qui dĂ©plore encore que ces rĂ©flexions ne soient pas au cĆur de ceux qui jugent lâart, mĂȘme les professionnels.

« Je pense Ă un artiste Jean-Paul Krassinsky, qui a proposĂ© ses Ćuvres Ă diffĂ©rents galeristes, souvent des hommes. Autant, ces galeristes reconnaissaient son talent et sa technique quand il sâagissait dâexposer des aquarelles de Paris, autant il y avait un vrai malaise face aux corps dĂ©nudĂ©s. Il a donc exposĂ© une seule partie de son catalogue chez eux. Et pourtant, lâoeil et le travail de lâartiste Ă©taient toujours le mĂȘme. Câest lâoeil du galeriste qui sâarrĂȘtait simplement au sujet, qui nâĂ©tait pas Ă lâaise avec. Je dois ĂȘtre la seule galeriste de France Ă lâavoir accueilli sur cette thĂ©matique-lĂ . »
LâĂ©motion sexuelle, toujours persona non grata de la sensibilitĂ© artistique ?

Car ce qui dĂ©range, câest bien lâexcitation sexuelle possible ou induite par certaines Ćuvres. « Lâart nâempĂȘche pas lâexcitation sexuelle, mais il y a des degrĂ©s et des niveaux. Et moi jâai choisi de les Ă©duquer et dâavoir un questionnement autour. » explique Rachel Hardouin.
La galeriste continue donc ses expositions et sa recherche artistique autour de la thĂ©matique de lâintime, tout en conservant ses trĂ©sors loin des regards qui pourraient ĂȘtre choquĂ©s : la galerie est seulement accessible en Ă©tage dâimmeuble, il nây a pas de vitrine.
Lâart Ă©rotique se vit heureux en vivant cachĂ©.
(Image Ă la une : Peinture, Alex Varenne)
Bonjour.
Je dessine beaucoup de modĂšles nu(e)s, et je considĂšre la nuditĂ© comme le support dâun sentiment, dâune intention, dâun Ă©tat dâesprit du modĂšle Ă ce moment prĂ©cisâŠ
Merci de faire le distingo entre Ă©rotisme et pornographieâŠ
Câest assez rare pour ĂȘtre soulignĂ©. Cordialement. Etienne
Bonjour Rachel, jâaime bcp votre dĂ©marche artistique. De mon point de vue il nây a rien de plus beau que lâart inspirĂ© par la nuditĂ©, sous toutes ses formes. Dommage quâil soit effectivement parfois assimilĂ© Ă de la pornographie. Je suis modĂšle vivant et les artistes dâart Ă©rotique mâont finalement sĂ©duit, jâadore maintenant poser (si confiance!) pour cette belle discipline.
Bien cordialement.
Sébastien.