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Par Union.fr

Sexologue : faut-il réglementer la profession ?

Par | 26 janvier 2022

La sexologie est une discipline rĂ©cente. Si l’on trouve des pionners du domaine vers la fin du XIXème en Autriche et Allemagne, le terme ne se dĂ©mocratise rĂ©ellement qu’en 1960. Il s »applique alors aux professionnels qui tentent de dĂ©terminer, d’accompagner, voire de combattre les pathologies associĂ©es Ă  la santĂ© sexuelle. Éjaculation prĂ©coce, anorgasmie, addiction sexuelle, panne d’Ă©rection… les motifs de consultation se multiplient depuis 60 ans et le secteur d’activitĂ© ne cesse de croitre. Seulement, la profession n’est toujours pas rĂ©glementĂ©e en France et les dĂ©rives se multiplient.

Qui sont les sexologues français ?

Tout le monde peut ĂŞtre sexologue, avec ou sans diplĂ´me, la profession n’est pas rĂ©glementĂ©e en France, ni en Europe.

Dans la pratique, en France, une grande Ă©tude menĂ©e par l’INSERM en 1999 dĂ©terminait que la profession Ă©tait occupĂ©e Ă  majoritĂ© par des mĂ©decins masculins « La France Ă©tait le seul pays europĂ©en oĂą la sexologie Ă©tait autant mĂ©dicalisĂ©e. La profession Ă©tait composĂ©e de deux tiers d’hommes et la majoritĂ© des professionnels avait suivi des enseignements en sexologie, tout en ne la pratiquant pas Ă  temps plein. » expliquait Alain Giami Ă  l’origine de la recherche. La surreprĂ©sentation masculine dans cette profession est Ă©galement une spĂ©cificitĂ© française Ă  l’Ă©chelle europĂ©enne.

« La majorité des sexologues travaillant en Europe sont des femmes non-médecins, sauf en France où la profession est plutôt masculine et médicale. » source INSERM

Un mĂ©tier Ă  majoritĂ© mĂ©dical, masculin, en partie propulsĂ© fin des annĂ©es 90 par l’arrivĂ©e du Viagra sur le marchĂ© de la santĂ© sexuelle, un produit novateur qui sĂ©duit les consommateurs. Alain Giami reconnait l’influence massive de ce mĂ©dicament au sein de la profession : « Les laboratoires pharmaceutiques voulaient faire des sexologues des key opinion leaders. Pfizer a mis sur pied tout un programme de formation pour que les sexologues forment ensuite une partie des quelque 80 000 mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes. Le Viagra a contribuĂ© au dĂ©veloppement de la sexologie en donnant des moyens pour organiser des congrès, en soutenant la formation scientifique des sexologues.« 

Les dérives possibles des nouveaux métiers du sexe

Au-delĂ  de la question autour de la mĂ©dicalisation systĂ©matique de supposĂ©s problèmes sexuels (faut-il ou non prescrire des pilules pour avoir Ă  tout prix une meilleure libido ? Les Ă©jaculations dites « prĂ©coces » sont-elles un problème de santĂ© ?), la nature du discours, des actes et des mĂ©thodes utilisĂ©es varie Ă©normĂ©ment d’un praticien Ă  l’autre.

Alain Giami pose également la question de la sexualisation, floue, autour de la consultation. »La question est d’établir la différence entre actes cliniques et viol. C’est le problème central à la fois de la médecine et de la sexologie : jusqu’où le contact avec les organes génitaux est-il légitime ou pas ? »

Une question qui aura Ă©tĂ© Ă  l’origine d’un scandale national en 2002 : Gilbert Tordjman, ancien prĂ©sident de l’Association mondiale pour la sexologie, en France, est accusĂ© de viol par sept anciennes patientes. Le magazine Le Point sort alors une grande enquĂŞte : « Sexologie. EnquĂŞte sur une profession suspecte ».

Pour Nikita Matras, journaliste au sein du magazine NĂ©on, spĂ©cialiste des charlatans du sexe, ces dĂ©rives se sont multipliĂ©es ces dernières annĂ©es : « Cela fait huit ans que je travaille sur ces thĂ©matiques. Et depuis quatre-cinq ans, je vois apparaitre une multiplication de thĂ©rapie douce, de massages et stages pour dĂ©velopper une compĂ©tence sexuelle. Cela fait Ă©cho au trop grand nombre de femmes qui n’ont pas de plaisir au lit et qui trouvent sur internet une injonction Ă  avoir du plaisir. Elles poussent alors la porte de sexologue, veulent explorer leur sexualitĂ©, tout en se sentant parfois « border » sur la question du consentement.« 

Nikita Matras a notamment signé une enquêté glaçante dans Néon sur les dessous révélant des cas agressions sexuelles, voire de viols, par un cabinet du XVIème arrondissement de Paris tenu par un prétendu sexologue.

Entre surmĂ©dicalisation et absence d’encadrement, la profession de sexologue trouvera-t-elle une place lĂ©gitime, saine et sĂ©curisante ?
En 2022, il serait temps de se pencher sur la question…

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