Le polyamour, un mode de vie qui séduit les jeunes français
Les Français ont-ils inventé le mot « polyamour » ? En réalité, il s’agit d’une traduction de « polyamory » en anglais, un mélange de grec et de latin qui trouve aussi son équivalent dans les termes « non-monogamies consensuelles », « amours plurielles » ou encore lutinage.
Le polyamour, des années yéyés à aujourd’hui
Le polyamour n’a pas attendu le XXème siècle pour être pratiqué à travers les époques et les différents coins du globe, si l’on considère sa définition étendue, celle de la « non-monogamie consensuelle ». Mais s’il fallait lui mettre une date de création, sa forme contemporaine, telle que le revendique la communauté actuelle, se serait dessinée dans la décennie de l’après-guerre. « Le mot « polyamory » trouve ses racines historiques à San Francisco au milieu des années 1950, au sein de la communauté hippie de Kerista. Ses membres cherchaient un terme plus joli et moins long que « non-monogamie consensuelle » pour identifier les relations ouvertes qu’ils tissaient entre eux… » explique Eve de Candaulie dans « Osez le polyamour » (ed. La Musardine).
Une pratique qui s’est donc accompagnée à l’origine d’une tournure politique, à l’encontre des valeurs capitalistes, religieuses ou sociétales qui émergeaient avec l’industrialisation. « Pour moi le couple, c’est la cellule originelle de l’économie de base. J’ai déjà entendu « si tout le monde vivait comme vous, la société ne tiendrait plus. » Le polyamour va à l’encontre des valeurs dominantes de propriété et de pouvoir. » affirme Françoise Simpère dans « Osez le Polyamour ».
Des valeurs de partage, de respect de l’individu, de remise en question de la propriété que l’on retrouve de plus en plus chez les jeunes qui s’affirment dans leur identité, loin des schémas traditionnels.
Pour Lucile Bellan, journaliste sur les questions de sexualité, auteure de podcast sur slate.fr et polyamoureuse, cette tendance connaît un réel engouement sur la nouvelle génération : « Je le vois de plus en plus chez les très jeunes, les 16 à 25 ans, plus déconstruits, qui se posent aussi des questions de genre. Ils se questionnent sur plein de sujets : leur orientation sexuelle, leur relation au couple, leurs désirs. Ils vont plus facilement remettre en question le chemin tout tracé. »
Nos jeunes seraient-ils alors plus portés sur le sexe que l’ancienne génération ? Pas vraiment. Ils seraient peut-être plus ouverts à de nouveaux schémas et à bousculer le carcan de leurs parents.
Le polyamour, une question d’éthique avant tout
Ne vous y méprenez pas, le polyamour est moins une question d’exclusivité sexuelle que d’éthique entre les personnes. La différence entre un infidèle, un libertin ou un polyamoureux ?
La relation qu’il entretient et qu’il façonne avec son ou ses partenaires.
Chez les polyamoureux, pas de place aux mensonges, la relation doit s’entamer dans le respect et avec le consentement de son ou ses partenaires (ce qui n’est pas le cas lors d’une infidélité). Le polyamour n’est pas non plus une pratique sexuelle à part entière (comme le libertinage), le polyamoureux peut tout à fait multiplier les relations amoureuses et sentimentales sans avoir de sexe.
Pour ceux qui souhaitent s’intéresser à ce mode de vie, inutile donc de vous renseigner sur des pratiques de bisexualité ou sur les plans à trois – ce n’est pas vraiment prévu au programme (même si cela n’en est pas exclu non plus). Il vaut mieux avoir de fortes notions en communication non violente, avoir déjà bien travaillé sur sa jalousie personnelle, ou encore, maîtriser le concept de NRE (l’énergie provoquée par la rencontre d’un nouveau partenaire) avant de se lancer.
Car le polyamour n’est pas une solution aux problématiques de couple monogame.
C’est un mode de vie qui a aussi ses avantages et ses inconvénients.