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Par Union.fr

L’homme déconstruit : un statut unanimement envié ?

Par | 7 avril 2022

La politicienne Sandrine Rousseau dĂ©clarait vivre au cĂ´tĂ© d’ Â« un homme dĂ©construit Â» et qu’elle en Ă©tait ravie. L’écologiste a popularisĂ© l’expression et subi de nombreuses critiques.

La dĂ©construction porte-t-elle atteinte Ă  la virilitĂ© ? Que signifie ĂŞtre dĂ©construit ? On vous explique.

C’est quoi un homme dĂ©construit ?

Le terme « déconstruit » se trouve souvent dans les discours féministes. Il désigne un homme sensible au droit des femmes et à l’égalité sexe.

Mais il serait rĂ©ducteur de limiter la dĂ©finition de « l’homme dĂ©construit Â» Ă  la lutte fĂ©ministe.

Selon CausonsFeminisme, la dĂ©construction reprĂ©sente un mode de vie et de pensĂ©e. Comment se dĂ©construire ? Il « suffit Â» de remettre en question les stĂ©rĂ©otypes Ă©tablis qui ont Ă©tĂ© « construit Â» au fil des annĂ©es.

L’homme dĂ©construit peut donc ĂŞtre sensible Ă  toutes les causes et luttes existantes : racisme, grossophobie, transphobie, homophobie, etc.

L’homme dĂ©construit : un militantisme obligatoire ?

Nul besoin de manifester dans la rue pour être un homme déconstruit. Rien n’empêche de le faire mais la déconstruction peut rester dans une sphère privée.

L’homme déconstruit lutte contre les stéréotypes et les constructions sociales archaïques en agissant au quotidien.

Par exemple, effectuer les tâches ménagères, la cuisine, les courses, aller chercher les enfants à l’école pourraient être assimilés à des actions d’hommes déconstruits.

Selon une Ă©tude de l’Ifop, 54% des hommes se dĂ©clarent dĂ©construit alors que 61% des femmes jugent leur homme dĂ©construit. Ce dĂ©calage montre que certains hommes agissent sans le savoir comme « des hommes dĂ©construits Â».

57% des hommes souhaitent devenir des hommes déconstruits, une statistique montrant à la fois qu’une majorité d’hommes sont sensibles aux luttes sociales mais également que pour 43% d’entre eux, les vieux schémas persistent encore et toujours.

Une atteinte Ă  la masculinitĂ© et Ă  la virilitĂ© ?

Contrairement à ce qu’affirment certains politiciens, la virilité et la déconstruction ne sont pas inconciliables.

Marlène Schiappa, ministre dĂ©lĂ©guĂ©e en charge de la CitoyennetĂ© affirmait dans Le Point (Eloge de l’homme construit) ĂŞtre contre la dĂ©construction masculine. Elle y attribuait des combats et opinions qui n’ont pas lieu d’être aux dĂ©fenseurs du concept. Elle dĂ©clarait sur FranceInfo :

« Je pense qu’il n’y a pas deux catĂ©gories d’hommes. Je pense que la vie n’est pas manichĂ©enne et je pense qu’il n’y a pas d’un cĂ´tĂ© :

  • Les gentils fĂ©ministes Ă©cologistes dĂ©construits sympas avec leur femme
  • Et de l’autre cĂ´tĂ© les mĂ©chants rĂ©actionnaires machos qui traitent mal leur femme

Je pense qu’il y a des supporters de l’OM qui sont des gros barbus et qui traitent très bien leurs enfants et il y a des intellectuels fĂ©ministes de gauche qui frappent leur femme Â»

Comme le décrit Clément Viktorovitch dans sa chronique, il n’a jamais été question d’opposer deux prétendues catégories.

Marlène Schiappa trace ici elle-mĂŞme un lien entre les supporters de l’OM et la maltraitance des enfants ou entre des « rĂ©actionnaires Â» et le machisme.

« L’homme dĂ©construit Â» reprĂ©sente un mode de vie et de pensĂ©e personnel. Des degrĂ©s diffĂ©rents de dĂ©construction existent et chaque homme peut avancer Ă  son propre rythme vers l’inclusivitĂ© et l’acceptation de l’autre.

Le discours et l’édito de Marlène Schiappa prouvent un fait : la dĂ©construction masculine subit de la rĂ©appropriation politique.

La politique et l’homme déconstruit

Caricaturalement, nous pourrions affirmer que 75% des jeunes s’estiment déconstruits, que les votants de gauche affichent un taux de déconstruction masculine exorbitant (EELV 76%), ou que 69% des votants d’extrêmes gauches mettraient plus en avant le plaisir féminin durant un rapport sexuel, etc.

A l’inverse, 46% des votants d’extrême droite souhaiteraient être dominant au sein du foyer, 41% des votants du centre droit souhaiteraient contrôler la façon dont leur compagne s’habille et 48% de ces mêmes votants refuseraient d’accorder plus de place au plaisir féminin lors des rapports sexuels.

Ces statistiques proviennent d’une Ă©tude Ifop et mettent en avant l’estime que les individus ont sur la dĂ©construction masculine : se sentent-ils « dĂ©construits Â» ?

Or, si un individu n’a pas la bonne perception de ce que représente la déconstruction masculine, il devient évident qu’il ne se sentira pas déconstruit.

Les politiciens jouent donc volontairement avec cette perception quitte Ă  mal dĂ©finir, voir diaboliser les personnes prĂ´nant un mode de vie plus inclusif. Le but ? Radicaliser les votants dans leur conviction.

Le « Wokisme Â» avait Ă©galement servi de marqueur politique. Ce terme dĂ©finissait Ă  l’origine l’ensemble des personnes « Ă©veillĂ©es Â»/conscientes des problèmes sociĂ©taux (racisme, sexisme, etc.) et a Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©, redĂ©finit par des politiciens pour devenir un marqueur de rĂ©visionnisme historique et dĂ©crire exactement l’inverse du sens originel du mot :

« Je combats tous les mouvements qui veulent nous dĂ©construire. Le wokisme, c’est la guerre des races, la guerre des sexes, des orthographes, la guerre des mĂ©moires. C’est le contraire de la RĂ©publique. Â» dĂ©clarait ValĂ©rie PĂ©cresse lors de son discours du 13 fĂ©vrier.

Selon la candidate LR, le wokisme et la dĂ©construction seraient contraire aux valeurs de la RĂ©publique : ĂŞtre en quĂŞte de libertĂ©, d’égalitĂ© et de fraternitĂ© ne conviendrait alors pas aux idĂ©aux d’un pays dont ces mots en sont la devise ?

La déconstruction un processus infini

La déconstruction masculine s’opère à différents niveaux. Il n’y a pas d’un côté les hommes déconstruits et de l’autre les hommes à la masculinité toxique mais une quantité de nuances et de niveaux de déconstruction variables.

La dĂ©construction masculine peut aller :

  • d’accepter de pleurer en public (33% de refus chez les hommes) Ă  s’ouvrir au plaisir prostatique (76% de refus chez les hommes).
  • d’accepter que sa femme gagne plus d’argent que soi (11% de refus chez les hommes) Ă  arrĂŞter de travailler plusieurs annĂ©es pour s’occuper des enfants (31% de refus)

Déconstruire sa propre masculinité représente un processus de pensée et un mode de vie plus ou moins long selon les individus et la quantité d’opinions ancrées à rebâtir.

Ce processus évolue avec le temps et la société. Il représente alors une quête infinie de remises en question et de réévaluations des stéréotypes.

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