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Par Union.fr

Orgasme prostatique : du tabou au plaisir

Par | 9 avril 2021

Malgré la levée progressive des tabous autour de la sexualité, la pénétration masculine et le plaisir prostatique font encore l’objet d’interdits – et de non-dits – dans les milieux hétérosexuels. S’il est depuis quelques années question de la révolution du plaisir féminin, notamment via le symbole du clitoris, pourquoi ne pourrait-on pas assister à une révolution du plaisir masculin et à l’exploration de nouvelles jouissances ?

Le tabou du plaisir anal masculin

Pour expliquer le grand tabou de la pénétration anale masculine, il convient de comprendre comment le système viriacal, présent dans nos société sous différents aspects de nos vies, se retrouve également dans la sexualité des hommes.

Cette dernière est loin d’être épargnée par les rapports de domination, les normes de genre, les symboles de la société partiale. Être un homme, c’est encore pour certains corrélé avec « être fort et puissant, ne pas pleurer ni montrer ses émotions ou encore être combatif et téméraire ». Dans un lit, être un homme c’est bander (bien dur), avoir un sexe imposant, éjaculer et … pénétrer. La question de la pénétration est centrale pour comprendre pourquoi les hommes (hétérosexuels) semblent terrifiés et s’indignent lorsqu’il s’agit de l’autre pénétration.

La pénétration de la femme par l’homme à longtemps était associée à l’idée de possession (et c’est encore parfois le cas aujourd’hui). Pénétrer une femme, c’est posséder une femme. Ne dit-on d’ailleurs pas lorsque l’on parle de la partie de jambe en l’air de la veille qu’on la prise (dans tout les sens) ? Or, les philosophes Elizabeth Badinter et Olivia Gazalé nous rappellent que la construction du système viril est en grande partie basée sur le rejet du féminin, et de ce qui lui est associé. Dans la grande pyramide de la virilité, nous retrouvons au sommet l’homme grand, barbu, musclé, riche, puissant et sans failles. À sa base, les « sous-hommes », ce sont les homosexuels, surtout ceux qui apprécient être « passifs« , ces hommes qui se font pénétrer par d’autres hommes. Mais qui se fait pénétrer à part les homosexuels ? Les femmes bien entendu. En tant qu’homme hétérosexuel, la pénétration anale renvoie à l’homosexualité, elle même stigmatisée (entre autre) par ce que trop proche du féminin. La pénétration anale masculine dans le milieu hétérosexuel est ainsi perçu comme une menace à la virilité.

Il conviendrait de se détacher de ce système viril qui pressieurise les hommes, stigmatise la non-hétérosexualité et oppresse les femmes. La pénétration ne devrait pas être rattachée à la notion de possession, le plaisir anal masculin ne devrait pas être assimilé à l’homosexualité et les pratiques sexuelles ne devraient renvoyer à aucune orientation sexuelle spécifique. Comportements sexuels, pratiques sexuelles et orientation sexuelle sont à différencier.

Ainsi, ce n’est pas par ce qu’un homme hétérosexuel se fait pénétrer (et qu’il y prend du plaisir) qu’il deviendra homosexuel (et quand bien même, où est le soucis ?). S’affranchir des impératifs virils et d’une homophobie intériorisée, se libérer des diktats sexuels permet d’appréhender sa sexualité sous un angle nouveau, de découvrir son corps et d’en jouir pleinement, de sortir du script sexuel hétéronormatif et d’élargir son répertoire érotique, pour une sexualité épanouie et bienveillante.

Orgasme prostatique : comprendre son corps

L’orgasme prostatique est souvent décrit comme plus profond, plus long et durable et plus « global », il se propagerait dans l’entièreté du corps. Ce type d’orgasme survenant sans éjaculation offre la possibilité de jouir plusieurs fois d’affilé, comme un orgasme clitoridien. Différent de l’orgasme pénien, le plaisir ressenti lors de la stimulation de la prostate serait une sensation unique. Pour comprendre le plaisir anal masculin, une brève leçon d’anatomie (très simplifiée) s’impose :

Lorsque l’on passe par la petite porte, on stimule avant tout le rectum et le canal anal. Ce dernier se compose de deux sphincters, des muscles chargés d’ouvrir ou de fermer l’anus. La contraction des sphincters est en général source de plaisir, ceux-ci étant particulièrement innervés.

Le rectum quant à lui est le segment terminal du tube digestif situé à l’arrière des sphincters, débouchant sur le canal anal, insensible à la douleur.

Notre star du jour, la prostate, se situe derrière le rectum, au dessus de l’anus, dans nos chairs. Il s’agit d’une glande responsable de la production de fluides tel que le liquide séminal. Elle se gonfle et se gorge de sang pendant l’excitation.

Enfin, le périnée (ensemble de muscles), situé entre l’anus et les testicules, est responsable de la transmission des signaux du plaisir dans l’ensemble de la zone génitale.

Lors d’une stimulation anale, la prostate, le périnée et le canal anal sont stimulés et conduisent ainsi au plaisir et à la jouissance.

Exploration de l’orgasme prostatique : conseils pratiques

L’expérimentation de l’orgasme prostatique nécessite un brin d’ouverture d’esprit, une exploration de son corps, un poil de persévérance, un bon tube de lubrifiant … et un peu de méthode. Ça tombe bien, le sexplorateur Adam, fondateur du site internet Nouveaux Plaisirs est l’auteur d’un petit guide pratique sur la découverte du plaisir prostatique. Un ouvrage d’une cinquantaine de pages qui regorge de précieux conseils pour les personnes propriétaires d’une prostate souhaitant s’essayer au plaisir anal.

L’auteur recommande l’utilisation de masseurs prostatiques, en solitaire dans un premier temps. Il en existe de tailles différentes et pour une première expérience, ne misez peut-être pas sur un sextoy de 20cm.

Il convient également de préciser, bien que les stimulateurs prostatiques procurent beaucoup de plaisir, l’apprentissage de ce plaisir n’est pas immédiat et demande plusieurs sessions. Par ce qu’il est nouveau et inexpérimenté, l’orgasme prostatique nécessite une écoute de son corps et une attention particulière sur les effets ressentis.

Préparation physique et mentale

Le rectum et la vessie doivent être vides, il est conseillé d’aller aux toilettes deux heures avant la session, pour une hygiène et un confort optimal.

L’état mental n’est pas à négliger pour une session d’expérimentation réussie. Choisissez un moment calme, au sein duquel vous savez que vous n’allez pas être dérangé. Il est conseillé d’être dans un état de relaxation et de se détendre pour mieux s’exciter sexuellement.

Cet auto-érotisme passe par des stimulations physiques (stimulation des zones érogènes sans passer par le pénis, qui risquerait de perturber la perception des sensations prostatiques) et des stimulations mentales (imaginaire, littérature érotique, pornographie… tout est permis). Utilisez ce qui fonctionne sur vous, soyez à l’écoute de votre corps, prenez votre temps et concentrer vous sur vos sensations.

Lubrification

La muqueuse des parois anales étant fragile, l’utilisation de lubrifiant lors de l’insertion du masseur prostatique est fortement recommandée. Il facilitera la pénétration, vous apportera plus de confort et diminuera le risque d’éventuelles douleurs.

Il existe différent types de lubrifiants, ceux à base d’eau se trouvent facilement et offrent l’avantage de ne pas tâcher les draps. Ils ont cependant tendance à être absorbés rapidement par les muqueuses, il faut donc en mettre une quantité abondante. Les lubrifiants à base de silicone sont les plus efficaces en terme de lubrification et durent plus longtemps. Quelque soit le lubrifiant vers lequel vous vous tournerez, vérifiez toujours sa compatibilité avec le sextoy utilisé.

Insertion, position et respiration

Si vous êtes détendus et lubrifiés, l’insertion ne devrait pas poser trop de soucis. Insérez lentement la moitié du masseur prostatique et effectuez une petite contraction de vos sphincters. Le fait de pousser (comme lorsque l’on est aux toilettes) détend les muscles et permet de laisser passer l’objet. Deux positions sont en général plébiscitées :

  • Sur le dos, fesses relevés sur un coussin et genoux pliés
  • En chien de fusil

Les premières sensations ne sont pas nécessairement agréables, cela est tout à fait normal, il faut vous habituez à cette nouveauté. La relaxation est les exercices de respiration abdominale sont fortement recommandés pour se détendre et apprendre à apprécier la stimulation prostatique.

Le plaisir prostatique (et anal) masculin est une exploration, il s’agit de découvrir une zone inexplorée de son corps et de tester ce qui fonctionne, ou non, dans sa quête du plaisir. Ces conseils restent généraux et il existe diverses méthodes et astuces pour améliorer les sensations lors de stimulations anales. Nous vous conseillons ainsi le Traité d’Aneros – la découverte et l’exploration du plaisir autour de la prostate qui décortique en détail l’orgasme prostatique masculin et qui regorge de conseils précis et documentés pour aider les personnes dotées d’une prostate dans leur cheminement.

Sources et Références :

Gazalé, Olivia. Le mythe de la virilité – un piège pour les deux sexe. Éditions Robert Lafon. 2017

Pla, June. Jouissance Club – une cartographie du plaisir. Éditions Marabout. 2019

Adam. M. Traité d’Aneros – la découverte et l’exploration du plaisir autour de la prostate. Nouveaux Plaisirs (en ligne). 2012. Disponible sur : https://www.nouveauxplaisirs.fr/wp-content/uploads/files/Traite_d_Aneros_V20.pdf

Structure du système reproducteur masculin. Le Manuel MDS. Juillet 2019. Disponible sur : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/problèmes-de-santé-de-l’homme/biologie-du-système-reproducteur-masculin/structure-du-système-reproducteur-masculin

Tuaillon, Victoire. Les couilles sur la table numéro 24 – Les orgasmes masculins (podcast). Binge Audio. 13 Septembre 2018, 32 minutes. Disponible sur : https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/les-orgasmes-masculins

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